Gondoles
Petit historique : si l'on a des traces écrites de l'existence des gondoles dès le XIe siècle, ce n'est pas avant le XVIe siècle qu'on les voit aparaître sous leur forme récente. Un décret ducal de 1562 imposa la couleur noire pour mettre fin à une compétition ornementale ruineuse pour les moins nantis. Et c'est ce qui fait à présent leur élégance. Jusqu'au début de la deuxième Guerre mondiale, les riches commerçants de Venise avaient leurs gondoliers attitrés.
Les gondoles actuelles sont constituées de 280 morceaux de bois d'essences diverses (chène, mélèze, noyer, tilleul, merisier, cèdre) et de deux pièces en métal l'une à la proue, l'autre à la poupe. Elles mesurent toutes 10,75 mètres de long -à peu près la longueur de 5 hommes allongés- pour 1,38 mètre de large. Leur poids moyen est aux alentours des 300 kg.
Les 6 barres parallèles des fers de proue (voir la 1ère photo) symbolisent les 6 quartiers de Venise, la barre située à l'arrière de ces mêmes fers représente les îles hors centre tels le Lido et la Giudecca, qui fait face à l'embouchure du Canal Grande sur la lagune. L'espace entre la première barre et la figure supérieure symbolise le pont du RialtoPour des raisons de maniabilité, la gondole est basse et légère. Elle se propulse à l'aide d'une rame unique tenue par le gondolier situé à l'arrière babord de l'embarcation. Celui-ci ramant du côté droit, la barque est plus étroite de quelques millimètres sur son tribord pour compenser la déviation induite.
Il y avait foule, ce jour-là, à l'embarcadère du Hard Rock Café ! Pas facile de se frayer un chemin... Et étant donné les embouteillages dans certains caneaux, on pouvait entendre crier de droite et de gauche : "Eh Guido ! Salve Erico ! Puo ayutarme ?", "Guarda a tu sinistra !", ou : "Come sono le previsioni ? Fa caldo, no ?" Quant à Thomas et Mathieu, ils s'amusaient à clamer sur tous les ponts : "Ciao bella ! Que bella ragazza !", comme si c'était le meilleur moyen de draguer. Il faut dire que leur vocabulaire se limite encore surtout à des noms allimentaires. Nous avons donc également eu droit à des : "Buonjorno pizza" ou "Arrivedercci parmiggiano". Vous imaginez la suite... La rame, qui est en bois d'Indonésie et mesure 4,20 mètres, s'appuie sur un axe en noyer, la "forcola". Elle est taillée d'un seul bloc et selon les mensurations du gondolier. Les mors ("morsi") sont des échancrures utilisées pour les diverses manoeuvres. Les chevaux-sirènes sont surtout ornementaux. Le fer de proue permettant de rétablir l'équilibre avec le poids du gondolier à l'arrière. Ce sont les "squeri" qui construisent les gondoles. Les fabricants de rames, eux, sont appelé "remeri" et confectionnent également les "forcole" ("forcola" au singulier). Pour indication, le temps de fabrication moyen d'une gondole est estimé à 3 mois et son coût est d'environ 20.000 euros. Il reste actuellement 4 chantiers dans Venise qui construisent à peine plus d'une dizaine de gondoles par an. Une grande course de gondoles a lieu chaque année à Venise : la "Regata historica". J'avais eu le bonheur d'y assister, il y a quelques années avec mes frères et c'est un évènement certainement plus réjouissant, à mon avis, que la Mostra ou le Carnaval, devenus trop touristiques. Des embarcations spéciales, mais ressemblantes, les "gondoline", sont construites dans le seul but de participer à la compétition qui vit le jour au début du XIXe siècle.
P.S. : Si les gondoles vous intéressent vraiment, je vous recommande une visite sur les liens des photos.