Le rond point de la saucisse
Rond point de la saucisse
Montpellier me surprendra toujours.
Une énigme : le choix des sculptures pour orner ses ronds-points. J'ai choisi comme symbole de cette énigme le rond point que tout le monde appelle ici "le rond point de la saucisse". C'est ce qui saute aux yeux de prime abord (et même ensuite) : une saucisse de strasbourg posée sur ce que les étudiants, dont la fac est juste à côté, surnomment "le donut" à cause de sa forme. Pour l'esthétique, on repassera.
Alain Jaquet, le père de l'oeuvre de résine, métal et polyesther posée sur ce carrefour giratoire de l'avenue Augustin Fliche en 2000, l'avait nommé "hommage à Confucius". Tout un symbole ! L'artiste avait voulu représenter le système binaire imaginé par le penseur de l'Empire du Milieu et devenu la base du langage informatique. La "saucisse" était également censée représenter un anneau surmonté d'un tronc, éléments symbolisant le yin et le yang. Hélas, le résultat n'est pas à la hauteur de l'attente du passant qui ne manquera pas, au mieux, de s'étonner de l'incongrue saucisse, au pire, qui se roulera de rire sur le peu d'herbe qui reste autour de cet inatendu hommage aux zigomatiques.
D'autres ronds points de Montpellier
L'oeuvre du "rond point de la saucisse" n'est pas la seule à nous surprendre. Je pourrais également citer le "Grand M", érigé en 1986 à proximité de l'actuel stade de rubby : deux doubles pylônes métaliques en forme de V renversé et qui forment un M disproportionné lorsque l'on est dans le bon axe et qui étaient initialement porteurs de tubes d'argon bleu vite cassés. J'ai mis plusieurs mois à réaliser qu'il s'agissait là d'une sculpture, c'est vous dire. Le sculpteur de l'initiale de la ville, François Morellet, décédé cette année à l'âge de 90 ans, était considéré par certains comme l'un des acteurs majeurs de l'abstraction géométrique du XXe siècle. Il avait dû faire abstraction, pour cette oeuvre qui avait coûté 120 millions de centimes, du ressenti des automobilistes qui la contournent.
Je n'oublie pas, pendant que j'y suis, le rond-point "des chaises", à la Mosson, proche du stade de foot. Son nom originel : "La constellation humaine". Plus rigolote que le "grand M", c'est une sorte de double antenne satellite géante bordée de 70 chaises en alu dépareillées, le tout gris sur fond gris. Oeuvre de l'avant-gardiste Chinois Chen Zhen (né en 1955 à Shanghaï), elle symbolise "les champs modernes du dialogue et de l'échange fraternel entre les peuples". Louable et même amusant, mais carrément mal placé pour l'apprécier réellement.
Il faut que je vous parle aussi du rond-point "des drapeaux". Pas mal aussi dans son genre. Ce sont des panneaux rouges et bleus qui bordent ce rond-point de la place Ernest Granier, dans le quartier Port-Marianne (qui n'est pas un port), traversé par deux trams, érigés en 2000 par un artiste allemand, Ludger Gerdes (mort en 2008), qui a intitulé cette composition "sans titre". Sur chaque plaque métallique est imprimée une petite phrase ou un petit dessin blanc qui rappelle la méditerranée. Le tout fait vraiment "cheap" et ne ressemble nullement à quelque chose d'artistique. On pourrait croire à une simple délimitation avec, au mieux, quelques panneaux indicateurs.
Dans ma campagne de dénigrement, je pourrais ajouter, quoique avec un petit bémol, les sculptures de métal brunies postées devant l'hôtel Mercure, à deux pas du lycée Jean Mermoz. La raison : certains ne voient pas les profils ébauchés dans ce qui semble être un empilement... de déjections géantes ! Désolée pour cette description quelque peu scatologique, mais je vous donne le sentiment de beaucoup de montpelliérains. Et j'avoue que jusqu'à peu je n'y voyais pas grand chose d'autre.
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