Yakoi Kusama
Yakoi Kusama, vous connaissez ?
草間 彌生 (Yakoi Kusama) est une plasticienne japonaise, précurseuse du mouvement du pop’art et de l’art environnemental. De son Japon natal, elle part pour les Etats-Unis en 58 puis pour l'Europe dans la fin des années 60. Elle expose alors dans les musées et galeries d'Art des Pays-Bas et d'Italie.
L'artiste fonde son travail, "obsessionnel" d'après elle, sur la répétition et la multiplication des signes, plus particulièrement des pois. « Ma vie est un pois perdu parmi des millions d’autres pois... », dit-elle. Kusama installe ici et là son univers de pois colorés et de miroirs, ou encore de formes phalliques qu'elle semble cloner à l'infini. Elle peint des corps, puis des vêtements, jusqu'au décor d'espaces, ce qui lui rappelle la vision hallucinatoire qu'elle avait eue, chez elle, étant petite : le décor de fleurettes rouges de la nappe semblait se répéter partout dans la pièce.
Yakoi Kusama - "Yellow tree furniture" - Lien sur image.
En 1969, de passage au Japon, Yakoi Kusama met en place une mémorable performance qui a marqué les esprits en regroupant des intervenants totalement nus devant le Palais Impérial. Depuis longtemps, la plasticienne excentrique fait surgir de ses performances les thèmes récurents de la libération sexuelle et la critique de notre société de sur-consommation, ainsi que celle de la politisation de l'Art.
Libération sexuelle, critique violente de la société de consommation et politisation de l'art deviennent l'enjeu majeur de ses performances. Cette rébellion des corps représente l'un des apports les plus singuliers de Kusama. Par cette émancipation, elle participe à la quête d'une autonomie à la fois physique, sexuelle et intellectuelle, associant féminisme et performance.
1973 elle revient à Tokyo. Elle intégre, outre ses pois rouges, des formes reptilo-phalliques dans ses productions. Elle a acquis la célébrité par des installations avec miroirs, ballons rouges, jouets, au milieu desquels elle se mettait en scène. J'ai lu qu'elle habitait à Tokyo depuis 1977, et à sa demande dans un centre de soins psychiatriques, à cause d'une santé psychologique fragile. Elle est aujourd'hui une octogénère qui a marqué son temps et encore pleine d'idées.
Artiste, elle n'en est pas moins philosophe : "J'avais en moi le désir de mesurer de façon prophétique l'infini de l'univers incommensurable à partir de ma position, en montrant l'accumulation de particules dans mes mailles d'un filet où les pois seraient traités comme autant de négatifs. […] C'est en pressentant cela que je puis me rendre compte de ce qu'est ma vie, qui est un pois. Ma vie, c'est-à-dire un point au milieu de ces millions de particules qui sont les pois. […] » Ajoutant : "Je suis arrivée à un moment de mon parcours artistique où il faut que je crée un art pour le repos de mon âme, un art qui tiendra compte de ce que signifie la mort, de la beauté de ses couleurs et de ses espaces, de la tranquillité de ses pas, du ' Néant ' qui vient après elle. »