Défilé-spectacle de Kan'Ji
Voix off : "Quand j'étais petite, il m'arrivait souvent, la nuit, de faire un cauchemar, toujours le même : une dame toute pâle, décoiffée, avec un air triste, désespéré, venait s'assoir au bord de mon lit et me chantait une chanson enme caressant le front.
Elle était gentille avec moi, mais j'en avais très peur. Un jour, mon grand-père me dit : "Tu n'as rien à crarindre d'elle. Cette femme est un ange qui ne te veut que du bien. Elle vient te souhaiter d'être heureuse, d'avoir tout ce qu'elle n'a jamais eu, te préserver des tourments qu'elle a traversés."
C'est par ces paroles qu'a commencé, en japonais, le spectacle KAN'JI de la Compagnie SOON KA, comme ce récit d'une femme hantée depuis son enfance par la présence d'un personnage du passé, Kikuchiyo. Dans un temps lointain, à l'époque où le Japon était la terre des Geishas et des Samouraïs vivait cette jeune Kikuchiyo, qui fut promise en mariage à un homme qu'elle n'aimait pas : Katsutoshi, un samouraï qui avait réussi à l'arracher au jeune Nagatoki.
En cadeau de mariage : un spectacle surprise racontant l'enlèvement de la jeune fille. Le samouraï comprend que c'est Nagatoki qui a mandaté le spectacle et qu'il vient le provoquer en duel pour retrouver son amour. Aparaissent, durant leur combat, un personnage mystérieux des légendes japonaises : Yuki-Onna, la femme des neiges. Malgré sa grande beauté, ses eyeux frappent de terreur. Elle flotte au-dessus de la neige, n'y laissant pas d'empreintes. Elle tue des personnes innocentes, les faisant pourir de froid, leur aspirant le sang ou leur énergie vitale, comme un vampire. Réveillée par la haine des deux hommes, Yuki-Onna vient prendre les âmes des deux samouraïs, laissant en vie la jeune mariée, qui plonge dans une inconsolable tristesse et devenant actrice muette des changements de son pays et de l'abandon des traditions puis finit par se donner la mort.
Impossible de trouver les mots pour décrire ce spectacle envoûtant, onirique et plein de rythme. Il faut vraiment les voir. J'ai été absolument subjuguée par ce spectacle (Thomas et Mathieu aussi) qui met en scène ce conte. Les chorégraphies sont surprennantes et belles, la musique intense et les costumes originaux et magnifiques. La Cie Soon Kâ vient de me transmettre le lien sur leur nouveau trailer, que voici. Un grand merci à la Maison Pour Tous André Chamson (Montpellier) qui nous a offert ce spectacle que je ne suis pas prête d'oublier.
On est surpris et ravis par la profusion des styles, qui va du théâtre traditionnelà la break-dance, en passant par le flamenco et les scènes de mangas. Etonnés dès la première scène, qui voit entrer sur l'estrade quatre femmes en tenue des champs, qui nous interpellent en japonais en une sarabande décousue et très rythmée. La jeune styliste-directrice artistique, Suan Czepczynski a fait un travail formidable. Les danseuses, Marion Blondeau, Vanessa Lextreyt, Karina Pantale, Mira Kang et Alissa Shiraishi, sont sincèrement douées. Et pas facile de danser avec un maquillage blanc sur le visage (ça doit gratter terriblement).
Fin du spectacle, voix off à nouveau : "Kikuchiyo avait cru pouvoir mettre fin à son tourment en se donnant la mort, mais son âme ne trouva jamais la paix et son fantôme erre encore autour de nous aujourd'hui. Quand elle te verra heureuse, elle saura que sa faute ne pèse plus sur sa descendance, elle pourra s'en aller." Ainsi lui parla son grand-père pour la rassurer. Depuis, ce n'est plus la peur qui accompagne toutes ses nuits mais la tristesse. Kikuchiyo ne pourra plus partir, tant qu'elle verra la jeune fille perdue, toute seule, dans un monde où plus personne ne voit personne, où une catastrophe comme Fukushima s'oublie en quelques semaines...
Les vêtements mis en scène dans la partie contemporaine (2nde partie), sont proposés à la vente à la Boutique Zoïd (3 rue St Ravy, à Montpellier - Tél : 04 67 66 31 72).
Prochaine date de représentation : le 19 mai 2012 au Château d'Assas.
Compagnie Soon Kâ : contact.soonka@gmail.com - 04 67 66 24 45
J'attends quelques photos de Sophie, qui avait apporté son APN, si elle veut bien m'en envoyer par e-mail.