La Panacée
LA PANACEE, c'est le nom que la Mairie de Montpellier a choisi de donner à son nouveau Centre de Culture Contemporaine. Vous remarquerez que c'est le mot "culture" qui est mis en avant et non celui d'art. Le site vient d'ouvrir en juin dernier en plein coeur de l'Ecusson, centre historique et névralgique de notre ville. Pour une fois, Thomas et Mathieu m'ont suivie et ils n'ont pas été déçus du déplacement. Contrairement à leurs oncles, ils sont plus penchés sur le contemporain que sur les antiquités médiévales. Pour ma part, j'apprécie autant les deux.
Le Centre se situe au 14 rue de l'Ecole de Pharmacie (info@lapanacee.org / 04 34 88 79 79) ; c'est une rue piétonne étroite très peu passante, perpendiculaire à la rue de l'Aiguillerie. Il faut bien connaître le coin si on ne veut pas se perdre (je dis ça pour les visiteurs externes à la ville). Nous sommes arrivés à une heure chaude de l'après-midi et, oh surprise, la climatisation de cet ancien hôtel particulier du XVIIe siècle ne fonctionnait pas. Dur, dur pour le charmant monsieur qui nous a offert les tickets d'entrée personnalisés et qui patiente à l'entrée du buffet interieur.
Pas grave : prévoyante, j'avais apporté mon éventail en batik balinais et les garçons supportent très bien la chaleur. Le lieu est composé d'une cour centrale entourée de grandes pièces très ouvertes et aérées. Pas d'étage. Peu d'installations. Le téléphone est au centre de la saison inaugurale, qui doit durer jusqu'au mois d'août 2014. La saison 1 : "Avez-vous un message ?" comporte plusieurs modules :
Conversation Electriques, par Franck Bauchard. Création de conversations autour de l'art selon un point de vue qui en appelle d'autres venus d'ailleurs. Il s'agit de placer l'oeuvre dans l'interaction sociale et non la "pétrifier" dans un écrin. Kit Galloway et Sherrie Rabinowitz (cette dernière est décédée au printemps dernier et cette expo lui est dédiée), qui ont participé à cette installation, ont écrit "We must create on the same scale as we can destroy" (Nous devons créer à la même échelle que nous pouvons détruire). Mais qu'est-il créé ici et qui détruit quoi ?
Le principe conceptuel des installations peut en dérouter plus d'un. L'articulation du visuel des concepts, elle, est simple ; elle correspond à une déambulation d'une salle à une autre, via la galerie-couloir, en contournant le carré central, sorte de vase communiquant.
Si j'ai posté le plan du Centre, c'est pour vous montrer à quel point le lieu est sobre. A peine 5 ou 6 salles pour exposer les pièces sorties de l'imagination des créateurs. A propos de créateurs, on aurait pu s'attendre à une présentation d'oeuvres d'artistes locaux et pourtant il n'en n'est rien. Montpellier ne fait sans doute pas confiance à son patrimoine culturel environnant. Dommage. En attendant, on peut profiter des installation de créateurs tels Ralf Baecker, de Berlin (The Conversation), Andreas Bunte, également Berlinois (La féee électricité), Francesco Finizio, New-Yorkais installé en France (Transmetteur polyphonique de rêves - pour déposer vos rêves : 04 34 88 79 84), les Américains Kit Galloway et Sherrie Rabinowitz (Hole in space 1980 revisited et Documentary) Wesley Grubbs (USA) et Mladen Balog (Croatie) pour "Invisible city", l'Allemand Matthias Gommel (Delayed), Mark Hansen et Ben Rubin (Listening Post), Megan Smith, Canadienne d'Ottawa (PST ! microCONTROL), Thomas Weyres, d'Allemagne (SMS TYPE)...
Personnellement, j'aurais privilégié la créativité régionale, ce qui aurait différencié ce centre des autres. Question de point de vue. Et puis cela aurait donné l'occasion à des artistes du cru de se faire connaître et de mettre en avant le dynamisme local. Il semblerait que les pouvoirs montpelliérains n'aient pas confiance dans les capacités d'artistes de proximité. A moins qu'ils ne sachent les mettre en valeur, ou pire -mais je n'ose y songer- qu'ils n'essaient même pas. Une seule créatrice française présente en les murs : Célia Picard. C'est déjà un début, mais est-elle la plus représentatrice ? Son installation, elle, ne fait pas partie des plus marquantes.
Installation 5 : GRADIN, de Célia Picard (Montpellier)
Rien de spectaculaire pour cette modeste installation. Les gradins sont fait d'annuaires téléphoniques en rangs d'oignons, tranche au-dessus, ce qui fait un drôle d'effet lorsqu'on monte ces marches de papier. Si vous voulez recycler vos vieux bottins, je vous conseille quelque chose de moins mouvant. Enfin, c'est vous qui voyez...
Installation 1 : LISTENING POST, de Mark Hansen & Ben Rubin (New-York)
Poste d'écoute. Créé en 2001. Collecte en temps réel des textes -en langue anglaise - postés sur Internet à partir de forums, chats, etc. Les textes morcellés sont lus ou chantés par une voix de synthèse pendant qu'ils défilent sur les 200 petits écrans digitaux. 6 mouvements dont chacun suit sa propre logique. Des grands bouleversements historiques à l'intimité d'anonymes, ces mircro-expériences éclectiques sont en constant changement et reliés sous nos yeux comme une preuve de la diversité et de la rapidité du monde électronique qui nous happe.
Installation 2 : DELAYED, de Matthias Gommel (Berlin)
Deux casques audio avec micro incorporé, face à face, reliés au plafond par un câble. Les visiteurs peuvent poser le casque sur leur tête et se parler. Un décalage de 3 secondes perturbe l'écoute directe, comme le temps de réaction sur les chats de Skype. Un petit fond sonore pré-existe. J'ai testé avec une visiteuse inconnue et nous avons beaucoup ri. J'ai ensuite tendu le casque à Mathieu pour qu'il continue la conversation à bâtons rompus.
NB : le Centre est fermé tous les lundis et mardis.
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