Ethique et délation
Vous avez entendu ? Les grands-bretons sont, d'après nombre de sources médiatiques, pris dans l'engrenage de la "délation". Ce terme est mis en avant autant par les magazines que par la radio, la TV ou la toile.
Au départ : des émeutes qui ont commencé le 6 août à Tottenham, au nord de Londres. La cause : 2 jours auparavant, un jeune homme, Mark Duggan, est tué par un tir provenant de la Police municipale. Une marche de souvenir prend place. Des membres dans la foule sont devenus violents et une émeute a pris place. L'émeute gagne peu à peu d'autres banlieues de la capitale.
Le 8 août, Bristol, Birmingham, Liverpool, Medway et Leicester s'enflamment : révoltes et magasins pillés. On assiste à des scènes lamentables : 3 personnes meurent écrasées par des voitures, d'autres succombent à des blessures, immeubles et véhicules sont brûlés, un jeune blessé est filmé pendant qu'il se fait voler par d'autres jeunes encagoulés qui font mine de l'aider,... panique chez nos "flegmatiques" voisins. On s'apperçoit qu'une partie de la jeunesse a pris un sacré mauvais tournant.
En réponse à ces horreurs, le gouvernement de David Cameron décide de réagir fermement et d'utiliser toutes les informations possibles pour tracer les criminels : les vidéos de la ville sont épluchées, des vidéos et photos sont diffusées un peu partout, ainsi que des messages incitant la population à informer les autorités de tout ce qui permettrait de retrouver les coupables des actes les plus vils. La majorité des britanniques est sous le choc. Ils n'avaient pas vu venir l'horreur.
C'est là que la presse française lance ses propos à la limite de la malveillance : on assimile la dénonciation à de la délation. Or, il y a une différence.
La délation est une sous-classe de dénonciation. Si la dénonciation s'applique à l'information des autorités de crimes comis et de faits s'y rapportant, en tant que témoins, la délation, elle, n'est pas faite dans un but de civisme mais d'intérêt personnel méprisable. Bien sûr, on garde en tête les dénonciations de juifs pendant l'occupation allemande. Et on croirait que la presse souhaiterait que nous assimilions ces faits à ceux d'aujourd'hui. On croit marcher sur la tête !
D'abord, ce ne sont pas les victimes qui sont dénoncées, mais bien les délinquants et surtout les criminels. Ce qui serait un crime serait de ne rien dire et de laisser faire. Il ne faut pas confondre.
Il est déjà criminel de se taire lorsque, par exemple, on entend des voisins qui semblent maltraîter un enfant. La suprématie de la lâcheté ne passera pas et je ne peux qu'approuver, si cela est fait dans les règles et honêtement, le mouvement mis en route pour tenter de calmer la situation. Et pourtant, je ne soutiens pas d'habitude les mouvements à tendance sécuritaire. Cela suffira-t-il ? N'y a-t-il pas déjà un constat de résultat catastrophique dû à trop de laxisme ? L'éducation, j'en suis persuadée, devrait être inculquée à l'école puisque nous voyons bien que pour une grande partie de la population l'éducation parentale n'est pas suffisante. C'est le moins que l'on puisse dire. Et ne dit-ont pas, du moins en France, "l'EDUCATION Nationale" ? Les professeurs qui affirment n'être là que pour enseigner ont oublié d'oter leurs oeillères, sans doute...