Terri
Avec Mathieu, nous sommes allés voir un film qui sort des sentiers battus du commerce de la pellicule : TERRI.
Cette comédie sociale d'Azazel JACOBS, qui est à l'affiche depuis quelques jours, nous raconnte Terri (superbement joué par Jacob Wysocki), un adolescent vivant dans une petite province des Etats Unis. Il habite chez son oncle impotent, James, et doit s'occuper constamment de lui. Terri, qui est obèse et maladroit, se rend à son collège en pyjama (il est plus à l'aise, dit-il, ainsi). Son embompoint et sa tenue sont à l'origine des moqueries dont il est l'objet. Terri prend de la distance et ne lutte pas contre ces réactions. Un jour, l'adjoint du proviseur, M. Fitzgerald (joué par John C. Reilly) l'appelle dans son bureau. Il a décidé de l'aider. Peu à peu, Terri lie une relation amicale mais empreinte de recul avec lui et avec deux autres élèves eux aussi marginaux : Chad, un hypertendu qui s'arrache les cheuveux, et la jolie Heather, dont la sexualité affleurante lui fait peur.
Que voit-on dans ce film ? On voit que les encadrants, qu'ils soient enseignants, tuteur (l'oncle James), secrétaire ou l'adjoint au proviseur lui-même, sont tous des marginaux avec leur propre faille. M. Fitzgerald n'a toujours pas tiré un trait sur les maltraitance qu'il a subi enfant lorsqu'il était la risée des autres et c'est pourquoi il s'intéresse à Terri. On voit aussi la sensibilité des êtres qui sortent du moule habituel et portent en eux une douleur liée à une forme d'humiliation.
En définitive, c'est celui qui est montré au départ comme différent qui s'avère être le plus "normal" et le plus raisonnable. La morale que j'aimerais tirer de ce long métrage est que nous avons tous des différences, tous une relation particulière au monde, aux autres et que nous devons changer notre regard, oublier les termes normalisateurs et normatifs pour nous ouvrir aux différences qui nous unissent plus qu'elles ne nous séparent.
En tout cas, ce film ne m'a pas déçue. C'est un vrai film d'auteur. Simple. Peu loquace. Efficace. Et surtout sensible, ce qui le rend beau.